À toi Paris
À toi Paris, ville de toute ma vie,
Depuis quand es-tu dans mon esprit ?
Telle une comète dans la nuit,
Dans ma tête, un pertuis incompris.
Deux mille vingt-trois,
De mai à février,
De quoi ai-je tant rêvé ?
De toi à mes côtés.
L'attente emplit les jours de passion,
Et la désillusion forme les questions.
Toi et le Trianon au centre de l'attention,
À combler mon cœur d'excitation.
Ce matin je fuis mon matelas,
Et depuis les rails, les paysages que je vois,
Deviennent irrémédiablement plats,
M’approchant de toi, mon palpitant bat.
Je me perds dans tes bras en arrivant,
Sorti de la gare de Lyon, devant ces bâtiments,
Une horloge, un bar, un drapeau qui vole au vent,
Ici, tout est tellement plus grand.
Je traverse toutes les rues en passant par Bastille,
Ces Parisiens dans les bars, leurs sourires qui pétillent,
Les rues pavées, garnies de guirlandes scintillent,
La nuit tombe et fait briller toute la ville.
Sur le boulevard de Clichy, je traverse Pigalle,
Ce concert, c’est là, le centre de la capitale,
Dans mon cœur, c’est ici le festival,
Dans le jardin d’Eden que rien n’égale.
Ce soir, je chante et j’en oublie les décibels,
Dehors, le monde est artificiel.
Ce soir, aux portes du sommeil, je me rappelle,
À quel point la vie était si belle.
De nouveau sur les rails,
Le retour est brutal.
J’ai eu mal ce dimanche soir,
Le cœur troué, l’esprit dans une autre dimension.
Tu es comme je t'avais imaginée,
Je ne t’ai pas idéalisée,
Dire qu'eux, te côtoient chaque journée,
Ils se sont sûrement habitués.
Tout appartient au passé,
Nos vies sont à nouveau séparées,
Je ne pourrai jamais t’oublier,
Et je voudrais tellement y retourner.
Les semaines sont passées,
L’été et la rentrée nous ont séparés,
Puis on s’est oublié,
Et je n’y suis pas retourné…
…Un jour de février, près d’un an après,
Un retour s’y est imposé.
Je ne savais pas si j’étais prêt,
Surexcité, mais apeuré par le trajet…
À l'arrivée, je m’offre une balade,
La tête levée, les yeux perdus sur les façades,
Haussmann efface les murs fades,
Et m’inspire de belles ballades.
À chaque recoin, je vois un nouvel endroit,
Et sous mon parapluie étroit,
Malgré le vent face à moi, je n’ai guère froid,
Mais le temps a l’effet d’une guerre froide.
J’ai perdu quelque chose au fond de moi,
Et l’admettre, c’est ce que je me dois,
La ville est tellement moins belle sans toi,
Ou bien, c’est à cause de la pluie sur les toits.
Aux souvenirs marqués en moi,
Des Airbnb aux murs en soie,
Des pianos effleurés par nos doigts,
Des odeurs encrées dans les draps.
La Tour Eiffel à travers une fenêtre,
Un voyage nocturne en trottinette,
Des méduses qui s’entremêlent,
Des instants intemporels.
Les yeux perdus, la tête dans les nuages,
Sur le bord de la scène, dans un petit village,
Je feuillette ce livre avec tant de pages,
La plupart sont blanches, par manque de courage.
À toutes les pierres, aux livres de cette boutique,
À cette odeur couleur lazulite devenue si unique,
À un attachement presque magique,
À la vie, qui laisse un sentiment inique.
Honnêtement, c’est beaucoup plus que ça.
C’est une histoire que rien ne remplacera,
Des musiques que je ne réécouterai pas,
Des moments que je ne revivrai pas.
Un morceau de mon cœur est resté là-bas,
Se cachant derrière la mort de Marat.
Alors que j’étais certain de mon choix,
J’ai oublié qu’il n’y avait pas que moi.
Je ne sais pas si je pourrai danser et hurler,
encore moins si j’arriverai à écouter et chanter,
Je ne sais même pas si j’aurais l’envie de rentrer,
Peut-être que ma place ne sera même pas achetée.
À la mémoire d’un destin désenchanté,
Aux photos et aux promesses délaissées,
Aux cadeaux des tiroirs abandonnés,
J’ai un dernier mot à t’adresser.
À toi, nouveau passionné de Paris,
Sache que mes pas ont déjà foulé ici.
Alors sens-toi unique pour cette nuit,
Et demain peut-être, tu y croiseras ton sosie.
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